Matthieu Ricard

Mathieu Ricard, t'as passé combien d'années seul ?

Cinq ans.

Il se passe quoi ?

Il se passe rien, mais avec méthode.

C'est dur ?

Non, c'est pas dur.

Simplement, il faut du temps.

Il y a un poète tibétain qui disait « Au début, rien ne vient.

» Normal, parce que si tout venait tout de suite, c'est blouche.

Au milieu, rien ne reste.

Vous obtenez des progrès, mais ils sont instables.

Et à la fin, rien ne part.

J'ai entendu sur la BBC anglaise une jeune femme qui disait « Pour moi, la liberté, c'est de faire tout ce qui passe par la tête sans que personne n'y trouve à redire.

» Ça, c'est typiquement être l'esclave de nos pensées errantes.

Il y a un seul concept qui peut relier le court terme, une mère en Afrique qui a besoin de nourrir son enfant, le moyen terme, chacun s'épanouir dans l'existence, et le long terme, prendre soin sérieusement des générations à venir, c'est la

La coopération, chacun pour soi, ne fonctionne pas.

Il faut être du chacun pour tous.

Parce que moi, moi, moi, du matin au soir, ça vous rend la vie misérable.

Et puis vous rendez la vie misérable à tout le monde.

Un jour, j'ai voulu m'inscrire au Parti communiste.