Matthieu Ricard

Si vous êtes vulnérable aux conditions extérieures, forcément, vous vous renfermez sur vous-même.

La fameuse bulle de l'ego à propos de laquelle Alexandre Jolien dit « ça sent le renfermer ».

Parce que moi, moi, moi, du matin au soir, ça vous rend la vie misérable parce que le monde n'est pas fait à l'image que vous voulez qu'il soit.

Et puis vous rendez la vie misérable à tout le monde parce que c'est souvent difficile à vivre.

Et donc vous vous sentez vulnérable.

Soit tout est une menace, soit c'est quelque chose qui va promouvoir vos intérêts, dont vous polarisez le monde entre amis, ennemis, favorables, défavorables.

Donc c'est une tempête permanente dans un verre d'eau.

Si vous êtes moins préoccupé par vous-même, plus libre par rapport à tout ça,

Du coup, vous pouvez vous ouvrir aux autres parce que ce n'est pas moi, moi, moi.

Je ne suis pas seul au monde.

Pas égocentré du tout.

Je ne veux pas dire que je suis débarrassé de mon égo, mais ce n'est pas là le problème.

Le problème, c'est précisément de regarder un peu les choses.

Quand on vole en avion et qu'il y a une tempête en dessous, les vagues qui font 10 mètres de haut, ça ne paraît pas si grand que ça.

Ce n'est pas que vous ne voyez pas les choses.

Par exemple, si vous tombez dans une rivière, un torrent très puissant,

On se débat, des fois on respire un coup, puis on est repris sous l'eau, on est pris dans le truc et on ne sait pas comment s'en sortir.

Ça ne veut pas dire qu'il faut pour autant bloquer tout ça.

Mais si vous êtes assis sur la berge et vous regardez le torrent, il n'est pas moindre, le flot de tout ce qui se passe.

ne disparaît pas, mais vous n'êtes pas pris dans ce flot.