Matthieu Ricard

Donc, j'y suis retourné tous les étés alors que je travaillais dans l'Institut Pasteur pour faire ma thèse avec François Jacob.

Et à chaque fois que j'y retournais, ce lien s'approfondissait.

J'étais reçu avec toujours une immense bienveillance.

Je commençais à recevoir des enseignements.

Donc, j'ai fait six allers-retours.

Et après avoir fini ma thèse, j'ai pris un aller simple.

François Jacob voulait m'envoyer faire un post-doc aux États-Unis.

Et en gros, je lui ai dit mon post-doc, je le fais dans l'Himalaya.

Et ça fait maintenant près de 60 ans.

Et je ne l'ai pas regretté la moindre seconde après ma retraite à 26 ans, presque 27 ans.

C'est la meilleure chose que j'ai fait de ma vie.

C'est un peu surpris mon père, je dois dire.

Je lui ai annoncé ça en marchant dans la forêt pour minimiser les dégâts.

Il a été un peu silencieux, puis il m'a dit, mais comment tu vas vivre ?

C'est vrai que la question ne m'avait même pas effleuré l'esprit.

Je me suis dit, on verra bien.

Quand on a vraiment envie de faire quelque chose, on ne s'inquiète pas de ce genre de choses.

Alors, il n'a rien dit.

Et ça, j'en suis très reconnaissant.

Parce que moi, je n'aime pas les drames.