Matthieu Ricard

Donc il s'est dit, on va lui...

Il a amené les meilleurs scientifiques du moment, je me souviens, en physique quantique, etc.

Donc, il a créé des rencontres qui se sont avérées passionnantes.

Et donc, l'une de ces rencontres, c'était sur les émotions destructrices.

Il y avait Daniel Goleman qui a écrit l'intelligence émotionnelle.

Il y avait John Kabat-Zinn.

Il y avait...

Richard Davidson, un grand neuroscientifique, Paul Ekman, spécialiste des émotions et des expressions faciales.

Et au milieu de la semaine, ça a duré cinq jours, le Dalai Lama a dit, ça c'est très bien, mais en quoi pouvons-nous contribuer à la société ?

Donc on a fait un petit brainstorming au moment du déjeuner.

Il y avait des scientifiques éminents et puis aussi des gens qui avaient fait entre 10 000 heures et 50 000 heures de pratique, de méditation, on peut dire, mais c'est un mot très vague.

Et donc, on s'est dit, on va proposer de faire un projet de recherche sérieux où c'est de la science solide et non pas avec des fantaisistes et puis des méditants qui en ont fait pas mal.

Ce n'est pas juste 20 minutes par jour pendant trois mois.

Et donc, moi, je participais à cette rencontre et puis j'ai eu l'imprudence de lever le doigt en me disant, moi, je veux bien collaborer puisque j'étais scientifique et que j'ai passé des années en retraite solitaire.

Et je ne me rendais pas compte que j'allais me retrouver 110 heures dans des IRM, faire des voyages pendant un moment donné deux fois par an dans des labos et participer en tant que, finalement, collaborateur.

Parce qu'il faut établir un protocole pour étudier.

Si vous étudiez la compassion, par exemple, vous mettez quelqu'un dans un IRM, est-ce que ça lui prend une demi-heure pour se chauffer, on pourrait dire, ou est-ce qu'en 15 secondes, il arrive au top de ce qu'il est capable de faire ou ce qu'elle est capable de faire ?

Donc d'abord, on a recruté une quinzaine de méditants qui avaient effectivement fait, disons, 30 000 heures de méditation.

Et là, on s'est aperçu qu'effectivement, il y avait des changements majeurs, fonctionnels et structurels.

Donc ça, c'est très bien, mais tout le monde ne va pas aller 50 ans dans l'Himalaya.