Matthieu Ricard

On n'apprend pas le piano en jouant 30 secondes tous les samedis.

Donc ça, c'est simplement le simple fait que plus les moments où vous avez de la bienveillance, dans ces moments-là, on ne peut pas avoir à la fois une pensée de haine et une pensée de bienveillance au même moment vis-à-vis de la même personne.

De même que vous ne pouvez pas tendre la main amicalement et ficher un coup de poing dans le nez au même moment, dans le même geste, peut-être deux gestes consécutifs.

Donc plus votre esprit est rempli de bienveillance, plus il s'entraîne, plus il se familiarise, plus il devient la bienveillance et moins il y a de place pour le contraire.

Donc ça, c'est toute question d'entraînement.

Le mot « assaise » en grec, ça veut dire « exercice ».

Vous avez été à l'école, vous n'êtes pas nés en sachant lire et écrire, en jouant de la musique.

On a appris tout ça.

Et par quel mystère est-ce que les qualités humaines si importantes que sont l'équilibre émotionnel, la bienveillance, la paix intérieure, l'altruisme, la résilience seraient au top dès le départ ou au contraire seraient immuables comme gravées dans la pierre.

On ne pourrait jamais changer.

On sait qu'on peut tout changer.

Il y a une marge de manœuvre.

Ce ne sera pas la même pour tout le monde.

Et donc, si on néglige de faire quoi que ce soit, si vous ne vous apprenez jamais à lire et écrire, vous ne le saurez pas.

Ce n'est pas en regardant les autres que lire et écrire de loin, que vous saurez lire et écrire.

En contraire.

Vous n'avez pas besoin de sauter au cou de tout le monde, mais vous pouvez regarder tous ceux autour de vous.

Puissent-ils être heureux ?

Puissent-ils être séparés de leurs souffrances ?

Puissent leurs aspirations légitimes s'épanouir ?