Matthieu Ricard

La solitude vient avec beaucoup de choses.

Et puis il y a une solitude volontaire, qui est celle de mon ami Vincent Munier qui passe des heures allongé dans la neige à attendre la panthère des neiges, ou d'un ermite qui est dans son ermitage pour construire justement ses qualités, pour ensuite se mettre au service des autres.

Et je peux t'assurer que dans cet ermitage, il y a un sentiment profond de l'interdépendance.

Tous les êtres que j'aime et les autres que je connais moins mais que j'aime aussi sont présents ?

Je n'ai jamais eu un moment, le sentiment de solitude pesante, ni de m'ennuyer.

Je me dis, voilà, j'ai des moments privilégiés, pour tant bien que mal, à la mesure de mes modestes capacités, d'essayer de progresser un peu.

Pour ensuite, si possible, se mettre au service des autres.

Il se passe quoi ?

Il ne se passe rien, mais avec méthode.

Non, mais à un moment, on fait des méditations, des visualisations, des récitations, des réflexions.

Donc, c'est très riche et complexe.

C'est loin d'être seulement la pleine conscience.

Il y a toutes sortes de méthodes.

J'en parle dans le carnet d'un moine errant sans donner trop de détails parce qu'à un moment donné c'est quelque chose d'un peu intime.

Mais disons la structure d'une journée par exemple, on commence à réfléchir à quel point la vie humaine est précieuse et qu'il ne faut pas la dilapider en vain.

Sinon on est à la fin de la vie, c'est comme la poudre d'or qui s'est échappée entre vos doigts et on part les mains vides en gros.

Mais par contre aussi qu'elle est impermanente.

Donc il n'y a rien de garanti qu'on ne va pas mourir jeune.

Donc la mort est certaine et son heure est incertaine.

Donc c'est simplement pas pour s'obséder de la mort, mais c'est pour donner à chaque instance toute sa valeur.