Matthieu Ricard

Il y a un poète tibétain qui est un grand ermite, Milarepa, qui disait qu'au début, rien ne vient.

C'est normal, parce que si tout venait tout de suite, c'est blouche.

Des changements, au bout de 15 jours, ça risque d'être très superficiel.

Donc au début, rien ne vient.

Au milieu, rien ne reste.

C'est là que vous obtenez des progrès, mais ils sont instables.

Et à la fin, rien ne part.

C'est un peu comme un ciel…

qui ne change pas.

Donc ça, c'est un vrai entraînement.

Une fois, j'étais à Bombay pour un magazine indien qui faisait une sorte de conclave.

Il y avait justement Yves Lavarari, Larry Clinton.

Il y avait une charmante dame qui m'a demandé « Je voudrais les trois secrets pour le bonheur en trois semaines.

» J'ai dit « Madame, il n'y a pas de secret.

Il n'y a pas trois points.

Ça prend toute la vie, mais ça vaut vraiment la peine.

»

C'est louche quand ça va trouver des gens qui vous promettent en trois semaines que ça n'a rien passé, en fait.

On ne change pas si vite que ça.

Alors, les émotions durent quelques secondes parce que la joie, la colère, on peut la renouveler.